1. Origine
  2. Histoire
  3. Contenu et classification
  4. Conclusion

Origine

Le père Edward Carolan, archiviste général de 1974 à 1981, écrivait en 1978: «On pourrait être tenté de dire qu’une organisation trop soucieuse de son passé est en fait aux dernières étapes de son existence. On pourrait tout aussi bien affirmer qu’une organisation qui n’est pas consciente de son passé n’est pas digne de son avenir.»

Le père Eugène de Mazenod n’aurait certes pas fondé une Congrégation qu’il aurait crue sans avenir. Pour que cet avenir enfonce ses racines dans le sol généreux de ses origines, le Fondateur donna beaucoup de détails, dans son journal et ses lettres, sur les débuts de la Congrégation. Il conserva une bonne partie des lettres reçues (voir Journal, le 14 décembre 1838) et ne cessa de réclamer pour que les Oblats rassemblent leurs souve­nirs sur nos défunts, conservent les lettres, fassent des rapports détaillés des missions prêchées, tiennent en ordre les divers registres mentionnés dans la Règle (édition de 1828), etc.

Pour le Fondateur, il ne s’agissait pas là d’un culte du passé pour lui- même, mais de la mémoire vivante de la famille, avec son identité et son activité propres, son histoire humaine mais aussi et surtout une histoire divine, celle de l’action de Dieu à travers l’activité missionnaire de la Congrégation, action de Dieu opérant encore aujourd’hui dans une continuité merveilleuse. Les documents conservés dans nos archives sont les témoins de cette action.

Histoire

Les archives ont suivi la maison générale qui a eu son siège à Aix de 1816 à 1823, à Marseille de 1823 à 1862, à Paris de 1862 à 1904, à Liège en 1904- 1905, à Rome, via Vittorino da Feltre de 1905 à 1950, et via Aurelia depuis lors.

C’est surtout à Marseille qu’on a commencé à former un dépôt d’archives soit auprès du Fondateur à l’évêché, soit, pour les papiers d’ordre finan­cier, au grand séminaire auprès des économes généraux, les pères Henry Tempier et Joseph Fabre, soit encore au Calvaire puis à Montolivet, auprès des pères Casimir Aubert, Charles Bellon et Ambroise Vincens, tour à tour secrétaires généraux avant 1861.

Une liste précise des archivistes n’a jamais été établie. On sait cependant qu’après la mort de Mgr de Mazenod, et jusqu’en 1870, le père Tempier passa une partie de son temps à mettre en ordre les papiers du Fondateur. Si on l’a appelé le second père des Oblats, on peut aussi le considérer le second responsable des archives après Mgr de Mazenod, qui a été le pre­mier à vouloir leur formation et à conserver lui-même les papiers les plus importants.

Au cours des années, le dépôt des archives a considérablement augmenté, alors que les déménagements et la négligence ont été la cause de la perte de beaucoup de documents. On sait, par exemple, que la moitié des lettres du Fondateur aux Oblats et vingt des trente cahiers de son journal, qui existaient encore à la fin du siècle dernier, n’ont pas été retrouvés lors­qu’on a commencé sa cause de canonisation en 1926.

La revue Missions O.M.I. avait été fondée dans le but de mettre les Oblats en communication entre eux et avec l’administration générale, par la publication de divers documents et surtout d’une partie de la correspondance (voir Missions, 1887, p. 91). Malheureusement les originaux des documents parus dans Missions sont habituellement disparus parce qu’ils n’ont pas été remis aux archives ou par la coutume de les jeter après publication (par exemple, les lettres de Jean-François Allard et du père Joseph Gérard parues dans les premiers numéros de Missions).

Contenu et classification

La disposition actuelle des documents doit beaucoup au frère Alban Boucher, archiviste de 1935 à 1969. On peut distinguer cinq fonds principaux:

1 – Personnel (cinquante classeurs, environ quarante mille chemises ou dossiers

Tous les Oblats qui ont fait des voeux dans la Congrégation et qui sont sortis ou décédés (environ huit mille) ont au moins un dossier qui contient les notes du maître des novices, du supérieur du scolasticat, la liste des obédiences et la correspondance avec l’administration générale. Certains provinciaux ou assistants généraux ont des centaines de lettres et plusieurs dossiers.

2 – Provinces (vingt-quatre classeurs)

Pour chaque maison de la province, il y a un ou plusieurs dossiers; il en est de même pour des thèmes qui sont à peu près les mêmes dans les diverses provinces, par exemple: administration provinciale, anniversaires, appels aux voeux, Association missionnaire de Marie Immaculée, chapitres provinciaux, circulaires, congrès, conseils, finances, oeuvres, personnel, rapports, société civile, visites canoniques, etc. Tout est disposé par ordre alphabétique comme pour les personnes.

3 – Administration générale (onze classeurs)

Les dossiers sont placés par ordre alphabétique des thèmes, par exemple: Association missionnaire de Marie Immaculée, chapitres, circulaires, congrès, Constitutions et Règles, directoires, économat et finance, juniorats, noviciats, obédiences, personnel, retraite de Mazenod, scolasticats, secrétariats, Saint- Siège, visites canoniques, etc.

Les références à ces trois sections se font sans besoin de cotes.. Il suffit d’indiquer la nature et la date du document.

4 – Manuscrits (cinquante mètres d’étagères, environ deux mille titres)

Cette section est précieuse et abondante. Elle comprend les registres des chapitres généraux et des conseils généraux depuis le début de la Congrégation, de nombreux registres des maisons de France au temps du Fonda­teur (prise d’habit, codex historique, conseils, finances, etc.) et des manus­crits d’ouvrages oblats (A-Z), c’est-à-dire: sermons, journal, manuscrits d’ouvrages et de thèses, etc. Un inventaire précis de cette section existe avec cotes respectives.

5 – Audiovisuel

Cette section contient surtout des photos de personnes et de maisons (vingt classeurs et une centaine d’albums), mais aussi des films oblats (une tren­taine) et des microfilms, en particulier des archives oblates de Saint- Boniface, d’Edmonton, du Lesotho et de Sri Lanka, et cinquante mille micro­films relatifs aux Oblats de 1816 à 1861, provenant des archives civiles et religieuses de France, d’Angleterre et d’Irlande, et d’Italie (voir DUVAL, Paul-Émile, «Les recherches mazenodiennes», dans Études oblates, 16 (1957), p. 170-177. On y trouve encore des cartes géographiques et des plans de maisons oblates (environ mille), des audiocassettes et vidéocassettes, en particulier des derniers chapitres généraux, des diapositives sur plusieurs provinces et vicariats (la plupart préparés par le père Anatole Baillargeon).

Quelques services de l’administration générale ont leurs propres archives, en particulier la postulation, la procure auprès du Saint-Siège, l’économat général et surtout le secrétariat général, dont les fonds relatifs aux per­sonnes et aux provinces sont à peu près la moitié de ceux des archives.

Conclusion

Il est frappant de voir aujourd’hui, un peu partout, les efforts des per­sonnes ou des groupes pour retrouver leurs «racines». En effet, le passé explique le présent, ses réussites et ses échecs; il peut aider le présent à préparer l’avenir, car il n’y a pas de ruptures complètes entre les périodes de l’histoire, même dans les grands bouleversements. Les archives de la maison générale, comme celles des provinces, sont des témoins précieux et, dans une certaine mesure, les porteurs d’une tradition vivante, source de documentation et d’inspiration au service de la Congrégation aujourd’hui et en vue de préparer l’avenir (réflexions du père Paul Sion, archiviste de 1981 à 1983).

Yvon Beaudoin, o.m.i.